16/12/2010
Instants Chavirés,
Montreuil
Brocoli / Instants Chavirés / Minizza / On / Pierre-Yves Macé / Quentin Sirjacq / Rainier Lericolais / Sylvain Chauveau
Après une première soirée plus proche des musiques concrètes, nous voici de retour aux Instants Chavirés afin d’aborder le versant des musiques lives du label Brocoli, dans le cadre des 5 ans de la structure parisienne.
La soirée débutait avec Minizza, groupe de Geoffroy Montel et Franck Marguin qui sont aussi les deux fondateurs du label. Comme sur leur album publié en 2005, ils collaborent avec des artistes d’horizons variés, et ils étaient accompagnés ce soir de Rainier Lericolais au laptop. Geoffroy alterne entre guitare et clarinette, Franck assure les bruitages et la voix façon spoken word murmuré, tandis qu’une bande son donne la trame.
_ Un début de soirée en douceur, avec Rainier Lericolais qui débute seul, nappes ambient, field recordings, et ambiance bucolique nous donnant l’impression d’être dans la forêt de Chamarande où Into the Trees, la pièce interprétée ce soir, a été jouée pour la première fois cet été. Quelques tintements de grelots assurés par Franck, guitare douce, mélodique et lancinante de Geoffroy, chant des cigales, et puis la voix, murmurée, comme exténuée, chaque phrase semblant être un dernier soupir. Teinte froide, sombre, on pensera assez souvent à une ambient cold-wave, empreinte d’une certaine nostalgie, comme des souvenirs lointains qui semblaient ressurgir dans les quelques projections diffusées en fond de scène.
Un set d’une quarantaine de minutes alternant entre une ambient-pop soyeuse et des interludes un peu plus expérimentaux mais toujours dans le ton, avec un final surprise grâce à l’arrivée de Pierre-Yves Macé au piano. Vivement un nouvel album !!
Deuxième partie avec On, réduit ce soir au duo Sylvain Chauveau et Pierre-Yves Macé, délivrant encore une nouvelle facette de cette formation qui sur disque bénéficie de la participation du percussionniste Steven Hess. C’est justement Pierre-Yves Macé qui assure les percussions alors que Sylvain Chauveau est au laptop sur la première partie du concert. Électronique flottante et contrasté, entre nappes et bruitages, cassures, et Macé qui assène des coups bruts sur son tambour, l’ensemble pouvant être rapproché pendant un cours instant du travail de Radian avec toutefois une approche plus brutale et cassante. Il ne s’agit là que de l’ouverture d’un concert par ailleurs nettement plus doux. Jolis assemblages électroniques, tonalités hésitantes et textures timides servent de tapis à une mélodie de vibraphone qui trouve sa prolongation dans le piano de Sylvain Chauveau. Séquences alors plus classiques, hautement mélodiques, mais cédant un peu à la facilité d’une lenteur contemplative ou d’un minimalisme répétitif, mais trouvant aussi un certain équilibre avec l’électronique frétillante de Macé.
Les deux hommes ne cesseront de changer de rôle, Sylvain Chauveau laissant même son comparse seul au laptop pendant un instant. Sur la fin de leur set, les deux hommes intervertiront leur rôle et on préférera nettement le jeu de Pierre-Yves Macé au piano. Par ailleurs le concert se terminera par une chanson de Sylvain Chauveau qui nous paraitra déplacée. Bref, on aura au final un peu de mal avec ce set, de la jolie musique certes mais qui manquera d’un petit quelque chose, de cohérence peut-être pour réellement convaincre en live.
Il est environ 22h45 alors que le dernier concert va commencer avec Quentin Sirjacq que nous découvrions quelques jours plus tôt et dont nous avons chroniqué le récent album, La Chambre Claire. Comme sur le disque, le pianiste était accompagné de Steve Argüelles à l’électronique.
On reconnait tout de suite les premières notes du concert puisqu’il s’agissait de des êtres disparus, certainement notre morceau préféré de l’album, et on se dira alors que le concert va être très proche de l’album.
En fait on aura l’impression de n’entendre que des tubes, des mélodies immédiates, faciles d’accès alors que l’album, parfois dépouillé nous paraissait un peu plus difficile. Ce sentiment est très certainement lié au fait que nous avions beaucoup écouté l’album ces derniers temps et que ces mélodies étaient du coup encore très fraiches. Ce sont donc surtout les différences que l’on notera, avec d’une part une électronique nettement moins subtile que sur le disque, et de courts passages improvisés et expérimentaux de la part du pianiste. Effet de bord du live, il était certainement bien plus difficile pour Steve Argüelles de rendre dans cette salle toute la finesse et les subtilités qu’il produit sur disque. Par ailleurs sa participation était réellement live, avec sampling et effets appliqués en direct, rendant l’exercice encore plus difficile. Concernant les improvisations de Quentin Sirjacq, elles constituaient la petite surprise du concert, mais on ne fut pas étonné de voir le pianiste se lever pour aller gratter et pincer les cordes du piano, le jeune artiste venant de l’improvisation.
Ce fut donc le clou de la soirée, un superbe concert, globalement une excellente présentation de l’album, une musique habitée, une prestation que l’on a déjà envie de revoir.
le 21/12/2010