01/11/2011
Batofar,
Paris
Depuis la rentrée on avait repéré quelques dates qui sortaient du lot au milieu de l’agenda du Batofar. Zoviet France, Robin Fox, Tim Hecker notamment, mais nous n’avions pas encore eu l’occasion de tester ces soirées Œuvres Vives. Même si nous avions déjà vu Oren Ambarchi en avril dernier au Collège des Bernardins, on se décidait à reprendre contact avec le bateau rouge que nous avions quitté en très mauvais terme.
Optant pour la formule deux soirées en une (concert à 20h, club à 23h30), le timing est plutôt respecté ce qui est déjà un gros changement avec le passé. C’est donc vers 20h40 qu’Oren Ambarchi prend place derrière une table recouverte de pédales d’effets. On devinera également une guitare qui restera discrète, ne servant qu’à déclencher quelques sonorités triturées par les machines. À l’image du concert auquel nous assistions 6 mois plus tôt, l’Australien débuta de façon relativement abstraite. Quelques notes déclenchées avec une certaine régularité, des tournoiements de ronronnements, grincements et saturations, pour parvenir au bout d’une quinzaine de minutes à un magma sonore plus homogène. Une sorte de drone puissant et oscillant, croisant l’aridité des guitares et la précision des machines lorsque les riffs se prolongent en tonalités quasi électroniques et linéaires.
_ Le final, grosso modo les 5-6 dernières minutes, nous apparaîtra anecdotique. Pour la forme on retournera au calme via des pulsations régulières, on reprend en quelque sorte notre souffle avant de sortir de ce qui doit se vouloir être une expérience sonore. Ayant déjà vu a peu près la même chose quelques mois plus tôt, pas de surprise ce soir, mais surtout un enthousiasme tout aussi modéré qu’au Collège des Bernardins.
Vers 21h30 c’est Alan Licht qui prend place. Une configuration qui dénote de part son épure puisque l’Américain est tout simplement assis sur une chaise en bord de scène, guitare en bandoulière et 2-3 pédales à ses pieds. De la même façon, sa musique est nettement plus directe, plus frontale, délivrant tout d’abord de puissants riffs, tendus, alternant mélodie et cassures tout en gardant un tempo très régulier.
Il tiendra ce type de jeu pendant 7-8 minutes, suivront quelques instants de flottement et puis la grosse surprise avec une mélodie répétitive, entêtante et rythmique, franchement mécanique. Le jeu est toujours très franc, assuré, et on rentre dans le jeu de ce passage que l’on pourrait qualifier, étonnamment, de dansant. Petit à petit la perfection de cette structure se désagrège, des variations d’abord subtiles se font de plus en plus prégnantes et l’artiste s’oriente vers le chaos tout en faisant disparaître son instrument. La guitare devient complètement hachée, déstructurée, méconnaissable, limitée à des portions de sons que l’on croirait électroniques.
C’était là la surprise de la soirée, le concert qui fait que l’on était content d’avoir fait le déplacement.
Et puis pour couronner le tout, évoqué par quelques spectateurs, une troisième partie se dévoile vers 22h20 avec une collaboration entre les deux artistes.
A posteriori, on se dira que personne ne voulait faire d’ombre à l’autre. Toujours est-il que pendant environ 25mn, les deux artistes rivaliseront de finesse et de subtilité alors qu’en solo ils avaient tous deux un jeu très direct. Ici ce fut une longue suite de drones sages, d’oscillations électroniques, de lentes accumulations puis de ralentissements laissant présager une progressive exténuation.
Après les tendances parfois bruitistes des deux artistes, on fut donc surpris par cette troisième partie, une longue divagation qui nous donnera l’impression de rester ancrée sur des terres ambient. Notre set préféré de la soirée.
le 25/11/2011