A Winged Victory For The Sullen / Guillaume Gargaud

 date du concert

16/04/2012

 salle

Café de la Danse,
Paris

 tags

A Winged Victory For The Sullen / Adam Wiltzie / Café de la Danse / Dustin O’Halloran

 liens

Café de la Danse
Dustin O’Halloran
A Winged Victory For The Sullen

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Cela faisait près de cinq ans que nous n’étions pas retournés au Café de la Danse. En effet, la salle proche de Bastille, fleuron des musiques « indé » dans la première moitié des années 2000, a un peu réorienté sa ligne directrice, au gré des mouvements de programmateurs. Néanmoins, le lieu continue, de temps à autre, à offrir des affiches intéressantes : Nils Frahm il y a quelques semaines ou cette première date parisienne d’A Winged Victory For The Sullen, dans la foulée de la sortie en France du premier album du duo (chroniqué en ces pages au moment de sa parution internationale, à l’automne dernier).

Avant cette formation, Guillaume Gargaud prit place sur scène pour une première partie d’une vingtaine de minutes et alors que la salle était peu remplie (elle se garnit davantage par la suite bien que restant dans des proportions raisonnables). Assis sur une chaise, muni de sa guitare électrique, avec à sa droite un laptop et à ses pieds (nus) plusieurs pédales d’effets, le Français superposa accords saturés et réverbérés, empila les traitements et multiplia les agrémentations pour créer un maelström sonique. Avec de courtes montées en puissance et des attaques plutôt directes, Gargaud opta pour une frontalité qui décontenança un peu un public venu pour une ambiance plus calme. Tandis que ses allers et retours sur le manche de sa six-cordes pouvaient sembler un rien pompiers, on leur préféra l’introduction d’accords grattés, de cordes pincées, ainsi que les passages plus scintillants sur la fin d’une prestation qui, assurément, avait bien su travailler sur son aspect vertigineux.

À l’issue de la recension de leur premier album, on émettait le souhait de voir A Winged Victory For The Sullen en concert, désireux d’apprécier la manière dont le duo allait retranscrire en live ce néo-classique mené par le piano de Dustin O’Halloran et les guitares et nappes synthétiques d’Adam Wiltzie. Pour chaque tournée, en vérité, les deux compères s’adjoignent le concours de cordes et, pour ces dates françaises, c’est un trio (violon, alto, violoncelle) qui les accompagnait. Placés au centre de la scène, ces trois musiciens étaient donc entourés d’O’Halloran et Wiltzie et purent ouvrir leur prestation avec All Farewells Are Sudden et ses suites de quatre accords marqués de piano, enrobés des participations des autres instruments. Par rapport à l’album, et alors qu’on avait imaginé que le groupe aurait tendance à profiter du passage au live pour étirer ses morceaux, ceux-ci nous parurent à l’inverse plutôt plus ramassés. La poussée d’émotion certaine qui résultait de la conjonction des cordes, guitare et piano s’en fit alors plus immédiate même si, comme sur le disque, notre préférence alla vers les titres qui jouaient sur la durée, s’accordant ainsi mieux avec le propos général d’un groupe qui ne manqua, en outre, pas de rappeler sa genèse.

La dédicace, au milieu du set, d’un morceau à la mémoire de Mark Linkous (O’Halloran et Wiltzie s’étant rencontrés pour la première fois à un concert de Sparklehorse) fut ainsi l’occasion pour le second d’entre eux de vérifier que le leader de la formation états-unienne était aussi peu connu de sa mort que de son vivant, eu égard au peu de réaction, à l’énoncé de son nom, d’un public pourtant bien concentré. De fait, les spectateurs se montraient extrêmement attentifs aux moindres interventions de Dustin O’Halloran sur son piano demi-queue, à l’alternance guitare (souvent jouée dos au public, afin de profiter d’un petit effet feedback avec son ampli) - clavier électrique d’Adam Wiltzie, aux participations de Marlene Ito au violon, Charlotte Danhier au violoncelle et de l’altiste, tous trois voyant leurs instruments repiqués grâce à des micros d’ambiance placés entre eux. Si les vidéos (vues de la Lune en orbite, de vagues de très près) projetées sur l’éternel mur de pierre de fond de scène n’apportaient pas forcément grand-chose à l’ensemble, cette heure de prestation d’A Winged Victory For The Sullen se situa tout à fait à la hauteur de nos attentes.

François Bousquet
le 28/04/2012

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