Witold Gombrowicz
Joris Mathieu
du 12/11/2013 au 07/12/2013
Théâtre Monfort,
Paris
Adepte des adaptations théâtrales de romans (il s’est déjà attelé à transposer sur le plateau Philip K. Dick ou Antoine Volodine), Joris Mathieu se charge d’y transcrire Cosmos, roman de Witold Gombrowicz. Partant de Varsovie, le narrateur croise sur son chemin un ami et tous deux découvrent un moineau pendu à un fil de fer, avant de trouver refuge dans une pension de famille. Les tenanciers, leur fille et son mari, ainsi que la servante, peuplent cette maisonnée dans laquelle des signes et phénomènes étranges vont apparaître.
De toute évidence, dès le titre, l’auteur polonais pariait sur un fort symbolisme et allégorisme, la demeure étant naturellement vue comme une métaphore du monde avec son petit peuple, ses petits travers et son bestiaire (chat, moineau). Récit un peu extravagant, Cosmos se voudrait par moments une sorte d’intrigue policière mais se révèle, au total, être plus proche du délire logorrhéique, jouant notamment sur la répétition des mêmes phrases, façon mantra, et des mêmes interrogations. Pour traduire sur le plateau cet ensemble foisonnant, la mise en scène opte pour un apport marqué de la vidéo, conjugué à une double tournette (le centre de la scène et un anneau périphérique), permettant aux personnages de marcher sans avancer (quand la tournette tourne dans le sens contraire à leur déplacement).
Pour autant, on assiste davantage à une suite de tableaux illustratifs d’un roman qu’à une véritable adaptation théâtrale. À ce titre, la pièce souffre probablement d’une trop grande distance mise avec le spectateur : tout d’abord, comme souvent au Monfort, le proscenium s’avère trop profond, repoussant l’espace de jeu loin des rangées de fauteuils ; ensuite, les voix des comédiens amplifiées ou bien le fait que les trois-quarts du spectacle soient lus dans un pré-enregistrement donnent la sensation d’assister à la relation d’une expérience presque scientifique et un peu hallucinatoire. De fait, on en vient à se demander si l’ami qui accompagne le narrateur existe vraiment, de même que la maison et la famille, ou bien si tout cet univers n’est qu’une projection mentale de l’auteur.
Le dispositif scénique réserve bien quelques images marquantes, principalement vers la fin, quand les écrans se parent de stores vénitiens, découpés en leur centre pour laisser place à un disque dans lequel s’incrustent les personnages. Toutefois, il abuse également de certains artifices (l’œilleton-loupe descendant régulièrement des cintres pour venir, comme en surimpression, occuper l’avant-scène) pour signifier le regard quasi-entomologiste et appuyer la dimension « théâtre optique » proclamée par les affiches.
Autres dates :
– 17 décembre 2013 : Théâtre - Lons-le-saunier
– du 15 au 18 janvier 2014 : Scène nationale - Cherbourg
– du 28 au 31 janvier 2014 : Comédie - Caen
– 11 et 12 février 2014 : Scène nationale - Meylan
– du 18 au 21 février 2014 et du 8 au 10 avril 2014 : Comédie - Saint-Étienne
– du 25 février 2014 au 1er mars 2014 : Célestins - Lyon
– 12 mars 2014 : Scène nationale - Le Creusot
– 25 et 26 mars 2014 : Relax - Chaumont
– 1er avril 2014 : Espace Jean Legendre - Compiègne
– 23 et 24 avril 2014 : Théâtre Sorano - Toulouse
– 16 mai 2014 : Méridienne - Lunéville
– 20 mai 2014 : Scène nationale - Perpignan
le 18/11/2013