(Rune Grammofon / Differ-ant)
04/05/2018
Jazz
Après trois albums avec lesquels ils avaient fait un bon tour de ce qu’un trio jazz peut offrir, les Norvégiens du Espen Eriksen Trio ont certainement ressenti le besoin de se diversifier. Aussi se sont-ils rapprochés du saxophoniste Andy Sheppard, dont le nom apparaît sur la pochette au même titre que celui du trio, pour réaliser ce nouveau long-format. Admettons tout de suite notre ignorance, ne connaissant pas le nom de ce musicien apparemment renommé (il a notamment son propre quartet sur ECM) ; avouons même qu’un passage rapide sur le site de Rune Grammofon nous avait laissé penser que le trio avait invité David Sheppard à ses côtés, pour une rencontre qu’on trouvait plus que pertinente.
C’est donc un autre Britannique qui officie avec les Norvégiens, pour huit morceaux sur lesquels l’instrument à vent s’intègre parfaitement au jazz assez classique du trio, redoublant par exemple le thème principal lancé par le piano (Indian Summer). Assez logiquement (il faut mettre en valeur son invité), le groupe laisse le plus souvent Andy Sheppard réaliser les différents soli (et des envolées ou passage rapide d’une octave à l’autre, comme sur Naked Trees) même si Espen Eriksen au piano ou Lars Tormod Jenset à la contrebasse s’en sont gardé quelques-uns.
De toute façon, les quatre musiciens partagent la même vision d’un jazz suave, travaillé par des mélodies certaines et sans à-coups. Dans ce contexte, quand le quatuor se fait plus caressant, on n’est parfois pas loin de frôler le décoratif, façon musique de fond d’un club (le morceau-titre ou bien le début d’Home). Heureusement, l’ensemble est vite rattrapé par sa profonde sincérité et son amour de son registre, à l’image de la mélodie impeccable de Suburban Folk Song, rythmée par des attaques de la contrebasse Jenset et les mouvements légèrement syncopés d’Andreas Bye à la batterie.
le 07/06/2018