Kiasmos / Rival Consoles

 date du concert

19/09/2024

 salle

Salle Pleyel,
Paris

 tags

Kiasmos / Ólafur Arnalds / Salle Pleyel

 liens

Salle Pleyel
Ólafur Arnalds
Kiasmos

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Quelques mois après l’excellent concert de Nils Frahm à la Philharmonie, on poursuit le passage en revue des musiciens du label Erased Tapes, au gré de leurs venues dans des salles parisiennes de grand calibre. Dans la foulée de II, album publié début juillet, Kiasmos s’est, en effet, lancé dans une tournée mondiale qui, dans ce volet automnal et pour la France, ne s’arrêtait que dans la capitale, dans une Salle Pleyel pas tout à fait pleine, mais prête à accueillir favorablement les Islandais, accompagnés sur les routes par d’autres artistes Erased Tapes. Sur quelques dates, c’est ainsi Ben Lukas Boysen qui ouvre pour le duo, et pour d’autres, c’est Rival Consoles, Britannique très prolifique et premier musicien signé sur le label londonien (en 2007).

Rival Consoles

À 20h précises, alors que la fosse était encore assez peu remplie, Ryan Lee West prit place à l’avant-scène, derrière claviers, synthé modulaire et machines et devant un drap tendu, pour trois-quarts d’heure d’une electronica assez riche et convaincante, soutenue par des visuels occupant l’intégralité de l’immense écran. Ces projections passaient de formes en noir et blanc à d’autres plus rouges ou plus verdoyantes, essayant de se caler sur les évolutions musicales de Rival Consoles. Marqué par une montée en puissance progressive, son set était également illustré par des lumières se parant d’effets stroboscopiques, tournoyant de la scène à la salle ou plongeant cette dernière dans une atmosphère rouge sang lorsque les rythmiques se firent plus régulières et envahissantes (Coda).

De manière moins attendue, les pulsations pouvaient prendre des atours mats et boisés (façon percussions africaines ?) sur un Johannesburg traversé de breaks et relances. À la fin de ce beau titre et alors que, pour la première fois, le silence se fit, des applaudissements nourris vinrent saluer la prestation de l’Anglais qui, tandis qu’il avait jusqu’alors enchaîné tous ses morceaux, en livra un supplémentaire. Moins pertinent, avec une rythmique moins tenue, ce titre caudal nous amena à juger sa setlist mal construite : cette proposition finale aurait gagné à être positionnée plus tôt.

À l’inverse de leur compagnon de label, les Islandais de Kiasmos se montrent plutôt avares discographiquement, avec un album par décennie et quelques maxis dans l’intervalle. Si leurs productions en studio n’ont pas été recensés sur ces pages, nous leur sommes fidèles en live, au même rythme que leurs long-formats, puisqu’il avait été rendu compte d’un concert donné dans le cadre du regretté Bozar Electronic Arts Festival, il y a dix ans presque jour pour jour. Toujours aussi enthousiaste sur scène, sautant légèrement sur place, le duo exhorta régulièrement l’assistance à réagir à son electronica qu’on situera entre une sorte d’acid-jazz sous stéroïdes et une minimal techno maximaliste, avec ses courtes mesures mélodiques mises en boucle et soutenues par des basses et textures synthétiques (Looped, Laced, Told).

Kiasmos

Malgré l’effet extrêmement entraînant de leurs compositions, la fosse nous sembla réagir un peu mollement, avec peu de danseurs, malgré les invites régulières d’un Janus Rasmussen placé côté jardin et qu’on identifia comme possiblement responsable des rythmiques. Les deux comparses se tenaient chacun debout sur une petite estrade, bordées de diodes aux couleurs variables et sur lesquelles machines et claviers étaient installés. Au-dessus d’eux était suspendu le logo du duo, ce tétraèdre évidé et stylisé, tandis qu’un écran en format bandeau accueillait quelques projections. Sans temps mort, les pistes extraites de leurs deux albums étaient données à un public aux applaudissements parfois décalés (après la fin des pulsations, alors que le morceau n’était pas fini), aux sifflements, « alleeeeeez » et « youhouuuuu » un peu trop fréquents.

Il fallut attendre Flown et que, sur la demande d’Ólafur Arnalds, toute la salle, balcons compris, se leva, pour que l’énergie collective se montrât en adéquation avec la musique jouée. Burnt suivit, avec ses rythmiques façon claquements de fouet, servi par des visuels rougeoyants, puis Gaunt pour lequel le jeu de lumières, jusqu’alors assez adapté, se fit trop prononcé et trop directement orienté vers le public. Après une heure et quart de concert, Ólafur Arnalds revint seul pour lancer Bent en rappel, avec quelques nappes ambient et une arythmie qui ne dura pas : le retour de Janus Rasmussen permettant d’ajouter textures plus épaisses et franches rythmiques, dans une salle noyée sous la puissance sonore et une certaine euphorie.

François Bousquet
le 23/09/2024

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