Autechre

Untilted

(Warp / PIAS)

 date de sortie

18/04/2005

 genre

Electronique

 style

Electronica

 appréciation

 tags

Autechre / Electronica / Warp

 liens

Autechre
Warp

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La sortie d’un album d’Autechre tient toujours de l’événement. Il en est particulièrement ainsi de ce dernier opus, que l’on n’hésitera pas à considérer comme leur meilleur depuis Chiastic Slide - lequel, appréhendé avec le recul du temps, amorçait précisément la direction dans laquelle le duo persévère depuis lors. Alors que Confield recelait de très bonnes idées mais manquait un peu de souffle, et que Draft 7.30 nous semblait trop décousu et inabouti, on retrouve ici avec bonheur l’impressionnante hauteur de vue qui place définitivement Autechre dans une case à part de la musique électronique.

On aurait pu croire qu’après 15 ans d’activité et une bonne vingtaine de sorties, Sean Booth et Rob Brown auraient vu leur inspiration se tarir. A vrai dire, l’album précédent le laissait un peu craindre, de même surtout que le décevant EP Gantz Graf. Il n’en est rien : si la veine profonde et incroyablement dense et mélancolique illustrée par Amber et Tri Repetae semble définitivement appartenir au passé, c’est au profit d’un son peut-être plus riche encore car composé d’une multitude d’éléments évolutifs et combinés en sédiments d’inégale profondeur, ponctués de divers claquements et grincements, l’ensemble concoctant une alchimie unique d’une rare pertinence.

On renoue sur Untilted avec les morceaux amples et touffus qui faisaient tout le sel de disques comme Anvil Vapre ou Envane qui restent parmi les meilleurs du duo. Les morceaux sont longs (le disque en comporte 8 et affiche 70 minutes au compteur) et prennent tout le temps de s’installer et se développer. La tonalité d’ensemble est assez froide et métallique (Pro Radii), les rythmiques martiales fusent d’entrée de jeu sur le morceau d’ouverture (LCC) avant de laisser la place à une douceur un tant soit peu désabusée. Les titres ne sont jamais uniformes et comportent souvent au moins deux parties éveillant des émotions changeantes et mûrissantes. Les sons sont subtils et fins (l’excellent Ipacial Section, le déjà cité Pro Radii qui glisse imperceptiblement dans le fractionnement velouté de Augmatic Disport) et l’atmosphère sait se faire contemplative, tout en gardant cette vivacité virevoltante qui transperce l’album (Fermium). Le disque, qui se clôt dans le murmure ouaté des presque 16 minutes de Sublimit, démontre paradoxalement que le duo est parvenu à transcender ses limites supposées.

En définitive, tout concourt à faire de cet album un jalon dans la discographie d’Autechre confirmant l’importance ultime de leurs captivants travaux. Un disque extrêmement abouti, auquel nous n’hésitons pas à donner la note maximale et qui prend place parmi les meilleurs de ses auteurs.

Gilles Genicot
le 17/06/2005

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