Festival Variations 2022 : Robert Aiki Aubrey Lowe / Jenny Hval

 date du concert

15/04/2022

 salle

Lieu Unique,
Nantes

 tags

Festival Variations 2022 / Jenny Hval (Rockettothesky) / Lichens / Lieu Unique

 liens

Lieu Unique
Jenny Hval (Rockettothesky)

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Étendu sur treize jours, le Festival Variations poursuit également son extension stylistique bien au-delà des pianos et claviers, dans leurs acceptions classiques, qu’il pouvait principalement défendre à son lancement en 2017. Cette édition 2022 accueille, ainsi, plusieurs propositions éloignées de ce répertoire, livrant également un regard sur la pratique de l’orgue (Kali Malone, Alan Regardin, Ellen Arkbro ou FUJI|||||||||||TA), et conviant plusieurs musiciens familiers de ces pages (Robert Aiki Aubrey Lowe, Ana Roxanne) ou de grandes figures (Laurie Anderson), y compris des arts vivants (Anne Teresa De Keersmaeker, Gisèle Vienne, Meredith Monk).

Pour notre part, nous avions centré notre venue à Nantes sur le week-end pascal, ouvert, dès le vendredi soir, par un diptyque au Lieu Unique, camp de base et organisateur du Festival. Dans une grande salle remplie aux deux-tiers, on put, tout d’abord, assister aux concerts de musiciens suivis de longue date et qui, coïncidence, avaient d’abord été recensés pour des projets sous pseudonyme (respectivement Lichens et Rockettothesky) avant de laisser ceux-ci derrière eux pour se produire sous leurs noms propres.

Robert Aiki Aubrey Lowe

Depuis plusieurs années, c’est donc en tant que Robert Aiki Aubrey Lowe que l’États-Unien évolue et ce fut une première en ce qui nous concerne, même si la cinquantaine de minutes de son set nous parut assez semblable à celui vu à Présences Électronique en 2016 : nappe sombre et dense contre vocalises effectuées en direct, en voix de tête. Des souffles et tapotements constituaient la première, tandis que les secondes, superposées et découpées, se trouvaient dotées d’une solide réverbération, conférant à l’ensemble une dimension mystique renforcée par l’éclairage (quatre spots tombaient des cintres sur l’arrière de la tête du musicien). Cette forme de transe évolua vers une expérimentale minimale par la suite, avec l’adjonction d’un petit outil en étain caressé ou frappé, alternant alors avec les passages vocalisants. Lancinantes, mais possiblement pas suffisamment incarnées, les structures de Lowe formèrent alors une prestation trop longue et trop étirée.

Peu avant 21h30, Jenny Hval et ses musiciens prirent place sur scène, ces derniers étant positionnés en arc de cercle autour de la chanteuse, vêtue d’une sorte de pyjama satiné couleur safran (tenue identique à celle qu’elle porte dans les clips diffusés en fond de scène, entre metaverse et créations numériques un peu artisanales). Celle qu’on avait délaissée quand elle avait quitté Rune Grammofon pour se produire dans des prestations tenant de la performance s’est recentrée avec l’album défendu ce soir, paru tout récemment sur 4AD. Beaucoup moins démonstrative, elle opère dorénavant dans un registre pop assumé, marqué par un intéressant travail d’orchestration, avec notamment un beau son ouaté du clavier, et un batteur n’hésitant pas à lâcher ses baguettes pour n’utiliser que des percussions sèches frappées à la main (Freedom).

Jenny Hval

Pour autant, une bonne partie de la construction des morceaux suivit le même schéma : dépouillé dans leurs premières moitiés (guitare électrique qui brode, congas, bongos ou sistre pour assurer le tempo) avant de prendre de l’ampleur avec l’entrée de la section rythmique véritable. Très efficace sur American Coffee, Classic Objects ou Cemetery of Splendour, ce procédé vira néanmoins un peu à la formule, à force d’être répété. En parallèle, Jenny Hval prouva qu’elle est toujours capable d’offrir de larges modulations de sa voix, passant d’aigus pleins de prouesse sur les couplets à des refrains plus traditionnels et mélodiques (Year Of Love) ou inversement, de couplets plus classiques accolés à des refrains partant dans les hauteurs (Jupiter). Contenant le risque de la grandiloquence (qui affleure pourtant souvent, dans ses ports de voix, par exemple), la Norvégienne parvint à traduire sur scène l’évolution de son registre, convaincant un public dont un cinquième finit debout pour l’applaudir, et face auquel elle vint s’excuser de ne pas faire de rappel.

François Bousquet
le 22/04/2022

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