Nils Økland Band

Projet possiblement le plus intéressant, et le plus constant dans la qualité, de tous les différents projets de Nils Økland, ce « Nils Økland Band » revient pour un nouvel effort, dans un quintet inchangé par rapport à Lysning. Dans ce registre entre folk, jazz et improvisation, aux échos un peu vernaculaires, les qualités mélodiques et d’écriture du Norvégien s’y retrouvent, comme sa capacité à s’entourer intelligemment et à faire groupe.

De fait, c’est surtout quand la formation se fait véritablement groupe qu’elle se montre le plus convaincante, tel un Framover (pourtant composé par le seul Nils Økland) dans lequel chacun trouve sa juste place, du saxophone de Rolf-Erik Nystrøm à la contrebasse de Mats Eilertsen en passant par la batterie d’Håkon Mørch Stene. De même, sur Kairo (au thème provenant du flûtiste Ahmed El Arnab du Caire), les instruments s’ébrouent dans un morceau auquel les envolées successives donnent des allures de free-jazz. Moins enlevé, Morgenkvist séduit pleinement par ses échanges entre le vibraphone d’Håkon Mørch Stene, la contrebasse et le violon Hardanger, dans une ampleur et une grâce certaines.

Lorsque le tempo s’apaise vraiment, que percussions et batteries disparaissent, l’ensemble prend des atours trop alanguis et beaucoup moins singuliers (Lys). À l’opposé, une atmosphère plus fiévreuse peut saisir le quintet sur le bref Kraft (deux minutes et trente secondes), avec ses à-coups de cordes. Comme il l’a déjà pu le faire par le passé, le Norvégien est allé chercher un air folklorique traditionnel pour s’en servir de base à un titre (Tilley Plump), deux mesures placées régulièrement dans un morceau qui, pour le reste, propose quelques expérimentations qui ancrent ce disque dans une contemporanéité bien éloignée de l’aspect folklorique un peu désuet que pourrait charrier un violoniste d’Hardanger.

François Bousquet
le 11/06/2024