Masayoshi Fujita

Bien calé sur sa fréquence d’un disque tous les trois ans, Masayoshi Fujita poursuit son exploration du marimba, débutée sur Bird Ambience. À la différence de ce précédent album, il s’entoure de quelques autres musiciens et vocalistes, pour enrichir ses morceaux et offrir de nouvelles propositions déliées, particulièrement suggestives et à la belle écriture. Son toucher sur les lames, métalliques du vibraphone ou en bois du marimba, trouve, ainsi, de jolis échos dans son utilisation du synthé modulaire (Tower Of Cloud), dans les notes tenues du shō de Mattias Hållsten (Pale Purple, Yodaka), dans celles des saxophones d’Osamu Fujita (Blue Rock Thrush) ou, encore mieux, dans celles de ces trois instruments à la fois (In A Sunny Meadow). Extrêmement séduisants, ces différents titres auraient possiblement gagné à être un peu plus étirés dans le temps, au-delà des cinq minutes, leur aspect légèrement improvisé invitant à une telle digression temporelle.

Outre ces plages plutôt contemplatives, le Japonais sait aussi accélérer son jeu de marimba, idéal calibrage pour soutenir le spoken word de Moor Mother, présent aux côtés des saxophones, pour un résultat tenant d’une sorte de free-jazz acoustique tout à fait délectable (Our Mother’s Lights). Plus loin (Higurashi), c’est une autre artiste qui accompagne le musicien qui, relocalisé au Japon avec sa famille, a pu échanger plus facilement avec Hatis Noit, compagnonne sur Erased Tapes, au timbre moins singulier qu’à l’ordinaire, plus enrobé et ouaté, comme si la chanteuse s’était mise au diapason des instrumentaux de son compatriote.

Pour que l’auditeur apprécie encore davantage le son, mat et velouté, du marimba, Masayoshi Fujita peut le placer en majesté, sur une courte plage, en forme d’interlude nu et quasi-dépouillé (Distant Planet). Enfin, tirant profit de son implantation entre collines et plage, il intègre quelques souffles et bruissements (Valley), comme autant d’évocations de cette nature qui l’entoure et le conduit à livrer une nouvelle réussite.

François Bousquet
le 09/10/2024