(Constellation / Modulor)
25/04/2025
Rock

Hasard total des sorties et de l’ordre dans lequel nous les chroniquons : quelques jours après avoir rendu compte du Reverie de Deaf Center, voici un autre album intitulé de la même manière et œuvre d’un duo, mais venant de l’autre côté de l’Atlantique et qui constitue une première commune pour les deux artistes en présence. Largement suivie et appréciée de ces pages, Rebecca Foon développe de nombreux projets, en plus de sa participation à des formations ou des disques en tant que violoncelliste. Sa jeune sœur, Aliayta Foon-Dancoes, violoniste, avait déjà pu être croisée sur un album d’Esmerine (l’un des groupes de son aînée) mais n’avait jamais encore fait paraître de disque à part entière, jusqu’à ce Reverie, grosse demi-heure livrée par les deux sœurs, et naturellement publié sur Constellation.
Avec ses onze instrumentaux, l’album donne une place majuscule aux instruments de prédilection des Montréalaises, violoncelle et violon se trouvant présents sur (presque) l’ensemble des morceaux, chargés de tracer des lignes mélodiques identifiables et prenantes (si identifiables qu’on a, par endroits, l’impression d’entendre deux fois la même, sur deux pistes différentes), ou de servir de tapis sonore pour accueillir les partitions portées par l’autre. Les climats, bien que peu lourds, peuvent se densifier quand les cordes se croisent (Dream Of What Was), intensifiant la référence au dérèglement climatique, sorte de fil conducteur de l’album. Également capables toutes deux d’officier au piano, elles passent à cet instrument de temps à autre, afin de varier les ambiances et sonorités. Le clavier peut, alors, proposer des notes détachées (Eternal) ou un ostinato (Drifters And Dreamers), qui peuvent servir de bel écrin aux déliés de cordes, ou encore agir tout seul, sans autre adjuvant (Eternal II).
Pour sa part, le violon d’Aliayta Foon-Dancoes sait opérer en trilles, saccadé et nerveux, allant chercher des notes aigues pour accentuer le contraste avec le violoncelle de sa sœur (le prenant Surrounded By You). Avec leurs morceaux plutôt courts, les Canadiennes réussissent à maintenir une attention permanente et, dans l’ensemble, à plutôt contenir la recherche ostentatoire d’émotion. Quelques pistes, toutefois, mettent trop en avant ce souci (Phosphorescence ou Devotion), écueil assez fréquent des disques où les cordes constituent la matière première mais qui, que le lecteur se rassure, ne suffit pas à noircir notre regard sur cette production.
le 07/07/2025