du 16/06/2025 au 28/09/2025
HAB Galerie,
Nantes
Si l’intitulé de cette exposition pouvait laisser imaginer une référence à ce test de bilan carbone qui permet d’évaluer le nombre de planètes nécessaires pour subvenir aux besoins mondiaux si tout le monde vivait comme soi, Combien de terres faut-il à l’homme ? renvoie, en vérité, à une nouvelle de Tolstoï (Ce qu’il faut de terre à l’homme) dans laquelle un moujik se montre cupide et désireux d’amasser le plus de terres possibles. C’est donc avec ce double regard autour de la vanité et de l’épuisement des ressources, de la confrontation homme-nature pour résumer, qu’on parcourt la monographie de Gloria Friedmann, installée tout l’été à la HAB Galerie et dont on trouve un écho en centre-ville de Nantes, avec la présence d’une autre installation de la plasticienne dans la cour de l’hôtel de Châteaubriand.
Ce qui frappe immédiatement, c’est la tonalité d’ensemble des œuvres, jouant sur une palette verte et brune, entre végétation (le disque de mousse Semper Virens) et sculptures en terre (la tête géante du Regardeur, le corps disproportionné du Cobaye ou les quatre sphères représentant les possibles Planètes B, C, D,… ? - bien qu’on sache que « there is no Plan(et) B » -). Travaillées et malaxées, ces deux sources disent assez aisément la relation de Gloria Friedmann à son environnement, dans une logique de travail sur le rapport au temps, la Terre ayant, en apparence, davantage de perspective d’avenir que l’espèce humaine. L’évolution de cette dernière se trouve, d’ailleurs, reproduite dans Exodus, suite de cinq personnages qui paraissent se redresser progressivement (comme dans le célèbre schéma d’évolution de l’humanité du singe à l’homo sapiens) pour se diriger tout droit vers un entonnoir bouché (comme l’horizon de l’homme ?).
Alors que l’animal trouve aussi sa place dans l’exposition, mais sous des formes figées (les dessins de la série Animalia, réalisée avec de la terre directement sur la toile) ou mortes (les crânes de bœuf des Menteurs), c’est donc avec un certain pessimisme (ou une certaine lucidité ?) que Gloria Friedmann agit, consciente des dégâts faits à la Terre par l’espèce humaine, et des limites de cette dernière. Six horloges désynchronisées en coquille d’ammonites marquent, d’ailleurs, l’écoulement du temps (Compteurs du temps) tandis qu’une autre horloge se voit déformée (LSD 1), comme pour confirmer que, non content, d’endommager la Terre, l’être humain avait aussi essayé, grâce aux psychotropes, de déformer le temps.
le 01/08/2025