12/10/2025
Lafayette Anticipations,
Paris
Pour ouvrir les débats, en cette fin d’après-midi à Lafayette Anticipations, et une salle bien remplie, Elizabeth Vogler prit place, dans une ambiance très mystique : un voile de tulle noir accroché au-dessus d’elle et qui l’entourait, des vocalises ou phrases chantées dans une langue incompréhensible, des bourdons et oscillations lancées de sa main droite sur une shruti box. Mais la Française sut aussi présenter des caractéristiques vernaculaires certaines, avec son chemisier blanc et sa robe longue écossaise, l’envoi, avec sa main gauche, de rythmiques préenregistrées au tambour ou la présence de quelques morceaux chantés en béarnais.
Des bruits de verre brisés, de voitures qui passent, de conversations, pouvaient laisser penser à un virage plus expérimental, mais, dans l’ensemble, on resta bien dans cette veine de relecture actuelle des traditions folkloriques, dans la lignée de nombreuses propositions récentes, en provenance du pays d’Oc, d’Espagne ou d’Italie. Au long d’un set de quarante-cinq minutes qui aurait gagné à être plus varié et plus resserré dans ses développements, à l’image du dernier morceau conclu par un trop long passage a cappella et hors micro, et nonobstant l’aspect assez fascinant des mélopées proposées, entre incantations et travail sur la voix, les titres avec samples riches dominaient clairement.
Peu après 20 heures, un quatuor s’installa sur scène, là où Titanic se présente comme un projet en duo, formé par Mabe Fratti et I La Católica. Positionnée derrière son violoncelle côté cour, la Guatémaltèque menait la formation, lançait les morceaux et présentait ses trois acolytes masculins, dont le Vénézuélien Héctor Tosta (véritable nom d’I La Católica), armé de sa guitare électrique. Avec le saxophone alto de Nat Philipps et la batterie de Friso van Wijck, la combinaison donna naissance à des morceaux rock un peu lourds (frappes martiales sur les éléments sur la caisse claire, la grosse caisse, les cymbales et toms ; distorsion appuyée de la guitare), heureusement singularisés par le chant en espagnol et la présence du saxophone.
Croisée précédemment en solo, dans un registre plus expérimental et moins chargé, ou sur un album d’Efterklang, Mabe Fratti s’accorda à ces tempéraments, avec un jeu en tapping de la main gauche sur le manche de son instrument, ou avec des cordes jouées des doigts de la main droite, façon basse électrique. Énergique, voire nerveux, déroulant son propos avec quelques accents improvisés, Titanic livra ainsi une dose conséquente d’électricité dominicale.
le 14/10/2025