Guentner + Spieth

Quelques mois après un album largement salué sur nos pages, nous retrouvons déjà Markus Guentner, à nouveau sur le label Affin, pour un long-format collaboratif avec le gérant de la structure allemande. Ayant également débuté par des 12" sur Kompakt, Joachim Spieth a, dès le début des années 2010, fondé ce label pour y accueillir notamment ses travaux personnels. Il y a deux ans, les deux compatriotes avaient déjà fait paraître un premier disque en commun et ont souhaité creuser ce sillon qui voit chacun, de manière assez classique, apporter son savoir-faire individuel : ambient sombre pour Guentner et touches dub pour Spieth.

Tirant au maximum profit de la publication sur CD, pour le format physique, de ce Conversion, les Allemands livrent des morceaux particulièrement longs (entre huit et treize minutes), travaillant sur l’étirement des structures et singulièrement les nappes ambient de Guentner qui se voient parées de filtres et souffles, venant leur conférer un certain symbolisme. L’impression de se trouver face à une sorte de pluie numérique point alors fréquemment, tandis que les poussées dub de Joachim Spieth viennent se heurter à ces composantes (Cipher).

Plus encore, quand des pulsations régulières sont mises en place, elles viennent utilement apporter consistance et structure aux textures installées par Guentner. Ainsi, sur Vortex ou Chrysalis, ces à-coups peuvent, par leur aspect métronomique, se faire roulements, habiles contrepoints aux vents numériques. Ainsi qu’on pouvait s’y attendre, quelques éléments métallico-industriels font enfin leur apparition (Quantum), venant contribuer à constituer cette atmosphère plutôt inquiétante, mais assez fascinante en même temps, qui sourd tout le long d’un Conversion, pour lequel l’écoute au casque est recommandée, propre à créer un sentiment de vertige.

François Bousquet
le 22/10/2025