Tout le Temps du Monde

Dans un schéma circulaire possiblement infini, Danai Epithymiadi avait écrit une pièce de théâtre (Bloom), qu’elle avait elle-même adapté en court-métrage sous le titre Tout le Temps du Monde, film à présent adapté par ses soins en pièce de théâtre. Trois objets successifs pour narrer la même histoire, donc : celle de Christina qui se réveille dans une chambre d’hôpital, un peu perdue et sans se souvenir de ce qui l’y a amenée. Dès le début du spectacle, au diapason du réveil de la jeune femme, des crépitements adviennent, comparables à ceux d’une ampoule qui grésille, donnant l’impression de basculer dans un autre monde ou une réalité alternative.

Des suites de flashes-back vont accentuer ce sentiment, tâchant de reconstituer ce qui a provoqué l’accident et le coma de Christina, mais faisant aussi apparaître des personnages étranges, tel ce médium venu de la télévision. Entre reflux mémoriel (la séparation de ses parents, la découverte du cancer de sa mère, des séances de plongée en apnée, la rencontre avec son amoureux) et séquences un peu irréelles, Tout le Temps du Monde navigue au gré des changements de costumes de l’acolyte masculin de Danai Epithymiadi, qui interprète, pour sa part, Christina en plus d’avoir écrit et monté elle-même la pièce.

Naturellement, dans ce contexte, de forts relents autobiographiques exsudent de cette création, jusqu’aux images d’archives finales montrant la jeune femme grecque enfant, aux côtés de sa mère. La relation à celle-ci constitue le nœud central d’un spectacle qui joue fréquemment du symbolisme : les séances de plongée se font entre mère et fille avec une corde de sécurité semblable au cordon ombilical, la scène et ses murs sont souvent baignés de projections de vagues, dans une liquidité rappelant le liquide amniotique, etc... Un peu attendus, ces gestes, comme certains développements narratifs, sont toutefois entrelacés avec des passages plus surprenants et qui apportent, comme le jeu très agile des deux comédiens, une vraie légèreté à l’ensemble.

Autres dates :
–  du 9 octobre au 1er décembre 2024 : Théâtre municipal du Pirée - Athènes (Grèce)

François Bousquet
le 06/02/2024